subst. masc. Est un arbrisseau croissant le long des hayes, qui a son tronc gros comme la jambe, portant plusieurs branches espineuses & droites, comme l'espine vinette, hautes de cinq coudées. Ses feuilles sont semblables au poirier, petites, longuettes, grasses & molles, & un peu rouges. Ses bayes sont d'abord vertes, & deviennent noires & luisantes en meurissant, vers le temps des vendanges. Son fruit est large, blanc & deslié, fait en bourses comme le peson d'un fuseau. Il a au dedans un noyau dur & rond, de la grosseur des cices, & cinq ou six grains longuets, triangulaires & plats comme des lentilles, qui sont enfermez dans ces gousses, dont le suc est obscur, verdastre & un peu amer, & c'est là sa graine. Les Enlumineurs en tirent une couleur jaune qu'ils appellent graine d'Avignon. Quand elle est plus meure, elle fait du bleu, & dans sa grande maturité elle fait du verd. Elle est nommée graine d'Avignon, parce qu'on la prepare en Avignon. On la pile, & quand on la fait bouillir dans de l'eau qu'on exprime, & qu'on met dans des vessies de porc ou de boeuf sechées à la cheminée, on l'appelle alors verd de vessie. Cette graine fournit trois couleurs pour faire les cartes dont on jouë, la jaune, la bleuë, & la verde. L'arbre s'appelle autrement bouc-espine. en Latin spina cervina, ou infectoria, & rhamnus catharticus.

Il y en a une autre espece appellée halimus, qui a des feuilles semblables à l'olivier, plus larges toutefois. C'est un arbrisseau qui croist dans les hayes & lieux maritimes, dont parle Dioscoride. Matthiole dit qu'on doit escrire alimos, c'est à dire, sans faim, parce qu'en la mordant seulement elle guerit la faim.